06. Sakhra 2025


 

Le projet Sakhra vise à réunir des praticiens de l'art et de la recherche dans un cadre convivial et ouvert au public. L'événement se déroulera sur trois jours en avril 2025 à Moulay Bouchta. Les activités se dérouleront principalement dans et autour de la maison de l'artiste Abdeljalil Saouli. Au programme: expositions, séances d'écoute, ateliers, balades, dégustations et repas partagés.

Pour l'édition 2025, sept artistes et chercheurs sont invités à redéployer leur pratique sur le site pour une présentation publique. Sakhra met l'accent sur les matériaux et savoir-faire locaux utilisés dans la construction, le goût et la préparation culinaire, ainsi que sur l'écoute et la communication entre les espèces.

 

 06.1 Artistes résidents

   Khalid Bastrioui est un artiste visuel qui réunit dans sa pratique esthétique le dessin, le design, l’installation. A travers quête et enquête, à la fois cartographiques et mentales, l’artiste explore les archives et les vestiges de de la mer méditerranéenne, notamment la région du Rif dont il est issu ; et cela pour réactiver son Histoire oubliée et l’héritage culturel local. Lauréat des Beaux-Arts de Tétouan en 2010, El Bastrioui s’est inscrit très tôt dans un processus de réactivation du patrimoine matériel et immatériel, lisant et interprétant signes et traces, mots et choses, pour réinventer un nouveau récit. El Bastrioui a participé à plusieurs expositions et rencontres artistiques : Etat d’Urgence d’Instants Poétiques (Jardin d’Essais Botaniques, Rabat, 2019), Festival Open Studio Madrid (2019), London Design Festival, Londres (2013), etc.

   Ikram Benchrif est une autrice de documentaire marocaine qui vit à Paris. Diplômée de l’école de l’image de l’Université de Dongguk (Séoul), elle coréalise ses premiers courts métrages avec Cho Yong-Kyu. Son parcours dans le cinéma a été précédé par une expérience de Grand Reporter. Ikram Benchrif documente les premiers chapitres du Printemps Arabe dont la guerre en Libye et la révolution en Tunisie, pour plusieurs médias méditerranéens. Après avoir traversé le master de Bruno Latour, Arts Politiques, en 2019, elle expérimente des manières collectives de fabrication d’images. Sa démarche trouve ses appuis dans un travail d’enquête sensible qu’elle pratique depuis 6 années, avec le danseur et chorégraphe Paul Girard. De leur rencontre a émergé une forme tierce, la fiction documentée : un genre qui explore les frontières entre le spectacle vivant et le documentaire. Ils travaillent actuellement sur une pièce chorégraphique documentaire autour des usagers d’une ligne ferroviaire.

   Mohssin Harraki est diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan et de l’École Supérieure d’Art de Dijon. Sa démarche est fondée sur le dialogue, que ce soit avec d’autres artistes, avec les personnes qu’il rencontre ou encore avec les éléments de son entourage. C’est une forme d’observation, d’enquête et de témoignage sur son époque. Dans ses installations, il explore les thèmes du livre, de l’écriture, la généalogie, la transmission du pouvoir et la formation de la conscience et l’imaginaire collective. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions, tant personnelles que collectives, donc: « EXILS: Regards d’artistes » au musée du louvre-lens, France en 2024. « Trilogie marocaine » musée centre d’art Reina Sofia, Madrid Espagne en 2021, « Global(e) Résistance », centre Pompidou, Paris France en 2020, « Dot, Point, Period », au Castelli Gallery New York, États-Unis en 2019.

   Marouane Dekaoui, chef de cuisine à l’approche résolument contemporaine, trace un sillon singulier dans le paysage gastronomique. Son parcours, atypique, débute par des études juridiques avant de se laisser happer par sa passion : la cuisine.
   En 2018, il pose ses valises au Maroc et se révèle au grand public en tant que finaliste de l’émission télévisée Masterchef Maroc, représentant la France.
   Fort de cette expérience, il obtient son titre professionnel de cuisine à Montpellier et aiguise son talent dans des brasseries et restaurants gastronomiques de l’Hexagone.
   Son esprit créatif le pousse à explorer de nouveaux horizons. Il prend les rênes de deux espaces hybrides, à la fois restaurants, bars et lieux de culture, nichés au cœur des ateliers d’artistes de Poush, à Aubervilliers et Clichy. C’est là que sa vision de la cuisine prend une dimension nouvelle. Il la perçoit comme un langage universel, un vecteur d’émotions et de récits.
   Marouane s’affranchit des codes établis et adopte une approche expérimentale. Il manie les saveurs et les textures, transformant chaque plat en une expérience sensorielle et intellectuelle. Sa cuisine devient un moyen d’expression, un outil pour susciter l’échange et la réflexion.
   En 2024, après trois années passées chez Poush, le chef entame une nouvelle phase de sa carrière. Il se lance dans une série d’événements et de collaborations avec des figures artistiques et culturelles. Cette démarche témoigne de sa volonté de faire dialoguer la gastronomie avec d’autres formes d’expression artistique, élargissant ainsi les horizons de sa cuisine.

   Abdellah M. Hassak est un artiste sonore, DJ/producteur musical et directeur artistique. Né au Maroc à Casablanca, il a déjà repoussé les limites de sa pratique en 2014 et a fondé Mahattat Radio où il a mené des recherches radiophoniques et sonores dans le cadre de projets interdisciplinaires avec diverses communautés. Pendant huit ans, il a participé à des projets en tant qu’artiste, chercheur et producteur radio.
   Abdellah façonne le son comme matériau pour créer des œuvres sonores, des performances, des actes et des installations. Son processus créatif est souvent collaboratif et implique les communautés. Actuellement, ses recherches portent sur la mémoire, qu’il utilise comme un processus créatif basé sur l’interaction. Il est fasciné par la manière dont l’humain habite son environnement.
   L’écoute est au cœur de sa pratique, au-delà du son, comme moyen de saisir l’imperceptible ou comme prétexte à la rencontre de l’autre. Son travail attire l’attention sur les êtres qui nous entourent. Il s’intéresse à l’imaginaire et à l’interprétation contemporaine qui peut en être faite, au dialogue entre l’humain et le contexte – naturel ou urbain – dans lequel il évolue, et à ce que les voix nous racontent au-delà des mots.
   Les œuvres sonores d’Abdellah ont été diffusées sur des radios du monde entier, telles que Radio Papesse, Hangar, OTO Sound Museum, Pratiques d’hospitalité et African Crossroads. Il a collaboré avec de nombreuses autres institutions et espaces culturels au Maroc et à l’étranger dans le domaine de la pratique radiophonique et sonore, notamment la 5e édition de la Biennale de Marrakech, Le Musée Collectif, 1-54 Contemporary African Art Fair, Port25 – Raum für Gegenwartskunst, Mannheim FFT Düsseldorf, ÉSAD Grenoble, Sonic Matter et Qanat Collective.

   Souad El Maysour est une artiste franco-marocaine qui explore les intersections entre histoire, culture et mémoire, en tissant des liens entre le Nord et le Sud. Sa démarche, nourrie par une approche féministe, interroge les schémas de domination et la condition des femmes à travers le prisme de récits souvent invisibles. Elle combine observations de terrain, collecte de récits, explorations physiques et collaborations universitaires pour déconstruire les structures figées et révéler des dynamiques humaines et sociales complexes.
   Elle à presenté un projet de recherche à la Biennale de Dakar (novembre 2024), dans la section design. Prochainement, elle exposera au MUCEM à Marseille, poursuivant ainsi une réflexion artistique qui invite à réévaluer les rapports entre mémoire, identité et inégalités systémiques. Originaire de Fès et de cette région, elle a amorcé en 2019 une premier travail intilué « Clairvoyant - Al Bassir - Le paysan sans terre ». Ce travail a été interrompu par la pandémie et sera poursuivi à cette occasion.

   Journaliste depuis 2002, Dounia Z. Mseffer est membre fondatrice du Réseau Marocain des Journalistes des Migrations (RMJM) et membre de l’Union de la Presse Francophone. Elle traite essentiellement de sujets sociétaux : droits des femmes, droits des personnes en situation de handicap, précarité au Maroc, mariage des enfants, situation des migrants au Maroc et ailleurs, l’impact des changements climatiques sur les populations locales… Elle a également participé à l’élaboration de «Migrations au Maroc : l’impasse?»(2019), «Maroc : Justice climatique, urgences sociales» (2021), «Travailleuses invisibles, les métiers de la discrimination» (2022), trois ouvrages collectifs édités par la maison d’édition indépendante marocaine, En Toutes Lettres. Entre 2019 et 2020, elle a co-réalisé pour le compte de l’UNESCO une étude sur les perceptions sociales à l’égard des personnes en situation de handicap au Maroc, ainsi que des capsules vidéo et des podcasts documentaires sur cette thématique. En 2021 et 2023, dans le cadre d’un ouvrage collectif pour la Fondation Heinrich Böll Rabat, elle publie un article sur les discriminations intersectionnelles dans le domaine du handicap et une enquête sur la situation des populations de Al Haouz trois mois après le séisme. Et entre 2023 et 2024, elle réalise en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll Rabat et les Bonnes ondes, une série de podcast portant sur la migration climatique et l’impact des pesticides sur les travailleuses agricoles au Maroc et l’agroécologie.

 06.2 Créateurs sonores

   Oli Bonzanigo est une artiste et chercheuse spécialisée dans les opérations in situ, les paysages socio-acoustiques et les carrefours linguistiques.
   Elle a participé à divers programmes de résidence et expositions à travers le monde et a développé des projets pour des musées, des fondations, des biennales, des galeries, des sites de production, des programmes culturels, des institutions publiques et des collectifs.
   Sa pratique démantèle et reconstruit les zones d’interaction humaine à travers des scénarios associatifs et des distorsions temporelles.
   Ses installations immersives cherchent à décoder les subtiles anatomies des mécanismes sociaux et leurs traditions métamorphiques, avec une attention particulière aux zones de contact, aux échanges narratifs et aux systèmes de communication.
   Avec la région saharienne comme muse précieuse, sa recherche explore des constructions immatérielles et mobiles telles que la culture sonore, les architectures linguistiques et les matrices inter-géographiques.
Forte d’une longue expérience en production et recherche métallurgiques, l’investigation matérielle intègre la linguistique du comportement fréquentiel, explorant les impacts sensoriels et les traductions potentielles des ondes acoustiques dans la matière connue et inconnue, traduites en expériences spatiales et participatives.

   Touda Bouanani est une artiste pluridisciplinaire et créatrice de l’association Archives Bouanani qui sauvegarde et transmet l’œuvre et collections culturelles de mes parents Ahmed Bouanani (1938-2011), poète, cinéaste et Naïma Saoudi (1947-2012), cinéaste, et de sa sœur Batoul (1969-2003), costumière.

   Ali Essafi est réalisateur et artiste visuel marocain. Après une formation de psychologue en France, il se dirige vers le cinéma documentaire et Art & essai. De retour au Maroc en 2003, il développe une longue recherche sur les archives filmiques nord-africaines, qui font l’objet de publications, de films ou d’installations. Il participe également à l’exhumation et à la valorisation des archives de Ahmed Bouanani. Ses derniers films En Quête de la Septième Porte (2017) et Avant le Déclin du Jour (2020) sont présentés en avant-première respectivement à la Berlinale (sectio Forum) et à IDFA (Amsterdam). Ali Essafi est membre de l’Académie des Oscars.

   Saïda Essafiry est une artiste plasticienne franco-marocaine, née à Casablanca et résidant à Paris. Diplômée de l'École supérieure d'art d'Aix-en-Provence en 2014, elle mène des projets artistiques collaboratifs qui questionnent les champs de la mémoire, du patrimoine et de la transmission, notamment dans les territoires périphériques.

   Youssef Titou est doublement originaire de Fès et des Ait Baamrane. Il est diplomé en philosophie et en arts plastiques et mène des recherches ethno-anthropologiques et historiques ayant trait au patrimoine culturel et artistique du Maroc en particulier et du bassin méditerranéen en général.

 06.3 Financement

     Sakhra Encounters est financé en partie par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) dans le cadre du projet de recherche « Esthétique collaborative dans l'art sonore mondial » de l'Institut de pratique et de théorie artistiques de la Haute école des arts de Berne (HKB).

 

 06.4 Activités

 
 

Credits texts, photos and drawings: Carlos Pérez Marín