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Après le premier séjour à Boulay Bouchta, en janvier 2018, j’avais envie de revenir pour approfondir sur plusieurs sujets:
l’architecture vernaculaire, spécialement son système constructif et structurel.
l’insertion de l’architecture dans le paysage, notamment le rapport avec les rochers.
le patrimoine civil (les marabouts de Moulay Bouchta) et militar (la kasbah de Amergou).
03.1 Architecture
La situation géographique de Moulay Bouchta est assez particulière, on pourrait dire qu’il se trouve sur les versants sud des montagnes du Rif, dans la ligne de délimitation entre les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et de Fès-Meknès, un espace géographique où la plaine entre en contact avec les premiers contreforts des montagnes du Rif. Ce positionnement sur deux substrats géologiques propose divers matériaux de construction; terre argileuse et pierre. Par ailleurs, les terres destinées à la culture des oliviers, fournissent du bois pour l'exécution des structures de couverture des bâtiments, bâtiments qui sont recouverts d'un enduit de sable et de chaux, dans leur plans verticaux et horizontaux, avec une tonalité blanche-beige qui imprime une image caractéristique à l’architecture de la région (aujourd'hui les tôles ondulées en zinc ont remplacé les couvertures de toit traditionnelles).
Pourtant, nous trouvons, de manière généralisée, des maisons construites en pisé et adobe, avec une largeur moyenne de 3 mètres à l’intérieur des chambres, avec des toits à double pente (pour drainer les eaux de pluie) qui reposent sur une charpente en bois d'olivier. Les petits volumes s’adaptent a la topographie rocheuse en créant des petites plateformes.


















Les contraintes liés aux dimensions du bois et au besoin de créer des espaces le plus large possible, se traduit dans la construction de charpentes assez particulières, étant donné l’irrégularité de troncs et de branches d’olivier; en ayant comme résultat des volumes et des surfaces uniques.







Ces types d’architectures traditionnelles doivent se trouvent face à la contemporanéité et par conséquence aux changements sociaux, culturels et économiques. Cette question d’adaptation aux modes de vie m'intéresse particulièrement, car c’est un sujet que je suis depuis 2010 dans les régions désertiques (que ce soit dans le désert du Sahara ou dans le désert d’Arabie). À ce propos, les expériences qu’Abdeljalil a mené dans son atelier (en 2017) et dans la maison familier (en 2024) sont assez révélatrices, elles nous montrent d’autres possibilités quand nous ne sont pas limités par la standardisation à laquelle notre cerveau est habitue à cause des réglementations, et des modes.













Peut-être que cette attitude pourrait s’appliquer aux systèmes constructifs du désert, notamment par rapport aux structures en bois. En 2013, j’avais imaginé des structures tridimensionnelles à partir des poutrelles en bois de palmier, l’élément structurel qui se répète le plus dans les maisons en pisé et adobe. Cette solution pourrait permettre des portés au delà des 3 mètres, une des causes pour laquelle les habitants des ksour abandonnent ses maisons; les chambres sont très étroites. L’alternative actuelle est l’utilisation du béton armé pour les poutres principales (avec des poutrelles toujours en bois de palmier), des troncs de palmier taillé (et non pas découpé en 4 secteurs) ou bien des troncs de peuplier (ils peuvent arriver à 8 mètres de porté mais on le trouve que dans les régions où l’arbre principal de l’oasis est le peuplier, comme à Kelaat-M'Gouna à Tinghir).




03.2 Paysage
En haut de cette page j’ai mentionné comment les caractéristiques géologiques de la région ont un rapport direct avec les matériaux de construction et par conséquence avec les volumes et les espaces architecturaux. Or, cette orographie a aussi un rôle architectural; elle est aussi capable de créer des volumes et des espaces architecturaux, en solitaire ou en «collaboration» avec l’«architecture artificielle». Par ailleurs, la présence dans le paysage des éléments tels que de gros rochers qui dominent le paysage comme s'ils étaient des casbahs pour le contrôle du territoire, est peut-être la principale caractéristique de Moulay Bouchta al-Khamar et ses environs.
Mais l’orographie et la géologie ne créent seulement des volumes massifs, elles abritent des espaces de différent tailles et qui sont aussi utilisés par les habitants selon leur échelles de manière individuelle ou communautaire; grottes, cavernes, cavités…
Il est assez impressionnant comment les habitants, d’une manière naturelle et sans l’intervention des architectes, sont capables de dialoguer avec leurs terrains et la complexité issue de la topographie et de la matière géologique. On pourrait affirmer que l’architecture se soumet à la nature des roches, elle ne s’impose pas à elles, tel que nous pouvons apprécier sur ces photos.
03.3 Patrimoine
Au sommet de la montagne de Amergou, il y a une fortification qui date, au moins, depuis le 11e siècle, c’est à dire, il s’agirait d’un construction de la dynastie Almoravide. Il y a des historiens qui mentionnent une origine plus tardive, au 12e siècle, pendant la dynastie Almohade. L’absence de fouilles archéologiques rendent imposible une datation plus exacte, mais quand on voit depuis le sommet tout le territoire qui contrôle et les routes qui passaient par là; un axe nord-sud connectant Fès et le détroit de Gibraltar et puis un un axe ouest-est reliant Kénitra à Oujda (et pourtant l’Algérie) dans, on se rendre compte que nous sommes dans un lieu stratégique.





























L’importance géostratégique peut mieux s’apprécier dans cette vidéo à 360º.
Ou bien dans ce tour virtuel.
Vous trouverez plus d’info sur ces liens: 1, 2 et 3.
Cette fortification faisait partie d’un réseau déployé entre le Sahel et la Méditerranée afin de contrôler et assurer le commerce de caravanes. Pour cela il était impératif de construire des fortifications dans les carrefours des routes qui à l’époque connectaient le Sahel avec le Magreb, l’Europe et le Moyen Orient. En positionnant ces fortifications sur une carte on pourrait mieux comprendre l’ampleur de l’importance du commerce caravanier tel que j’explique sur cette présentation Territoire et Patrimoine. Caravanes Sahariennes (une versión en texte et images peut se lire ici).
Par ailleurs, l’existence de restes de murailles dans le village au bord du barrage al-Wahda (nommé Fès el-Bali), pratiquement au pied de la montagne, nous donnent assez de pistes pour imaginer que cette région a un passé beaucoup plus important qu’il le paraît, d’autant plus si nous considérons l’orographie existant dans la région avant la création du barrage; la rivière Ouargha irriguait Fès al-Bali et débouchait sur le fleuve Sebou (province de Sidi Kacem) dans une région qui était déjà occupée pendant la période romaine où ils ont développé une agricole intensive en profitant des les communications se faisaient fondamentalement de manière fluviale.








Le patrimoine civil de Moulay Bouchta est représenté par la zawiya de Sidi Moulay Bouchta et son marabout, de style alaouite (plus d’infos sur le moussem sur ce lien).
1917 (source)
2025
Mais il y a un autre espace associé à Sidi Moulay Bouchta. Selon la tradition orale, Sidi Moulay Bouchta partait souvent au sommet de la montagne de Amergou pour s’isoler et prier dans une cavité, légèrement aménagé pour se loger. Il pourrait s’agiter d’une «kholwa» (nous parlerons dans la page suivant de ce type d’espace).
Credits texts, photos and drawings: Carlos Pérez Marín