04. Kholwa

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Une des multiples conversations que nous avons eu, lors d’un séjour à Moulay Bouchta avec Abdeljalil et Gilles en septembre 2018, était comment faire coïncider nos intérêts en tant que chercheurs et praticiens de l’art et de l’architecture et de produire un object, une oeuvre ou quelque chose qui serait le résultat de nos compétences. En fait, il s’agissait de réunir le son, l’architecture et les arts plastiques tout en gardant un lien avec le lieu. Depuis un point de vue architectural, il y avait deux aspects qui attiraient l’attention et qui devraient être explorer dans cette quête transdisciplinaires.

Le plus évident était le système constructif des maisons de la région, non pas par l’usage du pisé, mais plutôt les espaces et volumes qui généraient l’utilisation du bois d’olivier pour la construction des toits. On pourrait affirmer que l’intérieur de ces chambres étaient des installations d’art habitables.

Le deuxième aspect couvrait plusieurs échelles et domaines; géologie, paysage, espaces privés et publics habitables, religion, culture, système constructive, architecture… Tout cela se manifestait spécifiquement dans la relation entre les rochers et les maisons, tant dans leurs volumes que dans leurs espaces. Il est assez impressionnant comment les habitants de Moulay Bouchta utilisent, encore aujourd’hui, les grottes, comme espaces annexes de leurs maisons ou tout simplement comme un lieu où se protéger de la chaleur; la grotte de sable est l’endroit le plus frais pendant l’été.

 

Peut-être que le cas le plus significatif était celui de Sidi Moulay Bouchta qui donne le nom au village.

Il fallait pas expliquer l’importance des grottes à Abdeljalil, il s’était construit sa propre maison collée à un rocher et sa chambre à coucher était dans une petite grotte du même rocher.

 

Gilles était aussi d’accord pour explorer ce sujet, espace, géologie, architecture, puisqu’il avait travaillé précisément la sonorité des pierres et cailloux et la façon dont les habitants exploitent les rochers pour obtenir un matériau de construction (dans le village et ses alentours il y avait plusieurs endroits avec des toutes petites carrières à ciel ouvert) et les relations qu’ils gardent avec le son de ces pierres et cailloux. Gilles a consacré le chapitre V. de sa publication Sawt, Bodies, Species. Sonic Pluralism in Morocco au STONESOUND, Living with stones, lithic affect and aura co-domestication (pages 194-233).

Une fois nous étions d’accord pour intervenir dans une des grottes il fallait chercher une.  Puisque les échanges ont été fait après la “résidence”, il a fallu retourner à Moulay Bouchta pour faire le repérage du maximum de grottes près de chez Abdeljalil.

La question de la reproduction ailleurs, même dans un musée a été évoqué par Gilles à plusieurs repris, mais personnellement je n’ai pas trouvé une réponse car faire une reproduction en resine serait comme faire un décors et cette idée ne me plaisait pas. Il faudrait faire une abstraction de ce que nous avons finalement fait, mais encore, est-il nécessaire de reproduire un espace conçue et fait in situ? Je ne sais pas.

 

Le terme kholwa (خـــــلوة) en arabe marocain fait référence à une pièce privée, un lieu de retraite ou à l'acte de s'isoler. Dans le cas présent, Kholwa désigne une grotte abritant une installation sonore. Lors de la première édition en 2019, une structure de terre et de bois conçue par Carlos Perez Marin, Abdeljalil Saouli et Gilles Aubry y a été attachée, en référence aux techniques de construction locales.

 

Credits texts, photos and drawings: Carlos Pérez Marín